VIETNAM - Me, Province de Ninh Binh - Première expérience de volontariat, le projet d'Annie & Loi.
- Elise & Gaëlle
- 14 juin 2019
- 5 min de lecture
Le 10/06/19,
Du 19 mai au 02 juin nous avons décidé de réaliser deux semaines de volontariat chez l’habitant, moyen pour nous d’expérimenter un nouveau type de tourisme – immersif et engagé. C’est une aventure que décident de vivre de nombreux voyageurs qui séjournent quelques temps dans un pays et qui veulent s’investir dans un projet. Pour nous ce fut une très belle découverte, qui nous a définitivement convaincu. Merci encore à nos deux hôtes, Annie et Loi, que nous allons vous présenter !
C’est d’abord en France que nous avons découvert leur projet de maison écologique et solidaire, via une plateforme de missions de volontariat (Workaway). Nous avons parcouru leur profil en ligne et nous sommes trouvées très intéressées par leur description. Elle est très fidèle à ce que nous ne tarderons pas à vivre : un lifestyle tourné vers le zéro déchet dans un endroit bucolique, une jolie maison traditionnelle ouverte sur les paysages de la baie d’Halong terrestre dans la province de Ninh Binh.

Nous postulons donc à l’offre en expliquant également notre projet et nous accordons avec Annie, très réactive, sur les missions et modalités d’accueil. Dans l’article « L’expérience de volontariat » vous trouverez tous les détails d’une expérience Workaway, mais en attendant nous souhaitons vous parler un peu plus de nos hôtes, deux personnes très inspirantes…

Le 19 mai nous arrivons donc à Ninh Binh et sollicitons l’aide d’Annie pour nous rendre jusqu’à chez eux, dans le petit village de Me. Après un parcours chaotique de nuit dans un fourgon-taxi nous arrivons soulagées à l’endroit désiré.
Nous découvrons alors leur impressionnante maison, un bâtiment fait uniquement de bois et de bambou, héritage et tradition de l’ethnie Muong. Ici pas de murs en béton mais de grandes fondations en bois et un toit en feuillage. Au rez-de-chaussée se trouvent la pièce à vivre et les zones communes : cuisine, salle à manger, salles de bain et jardin. L’étage est consacré à l’espace nuit, où chacun se voit attribué un carré où poser une natte, délimité par des rideaux. Ici, il n’y a pas d’espace clôt, nous apprendrons donc à vivre dans un environnement ouvert – où le silence n’existe pas et où le temps est rythmé par les activités de la nature : grenouilles, grillons, gecko, poules, coqs, buffles, chèvres et chiens répondent alors à l’écho du vent, de l’orage, de la pluie... et parfois des fameuses informations officielles du gouvernement, qui résonnent à l’aube dans les haut-parleurs du village.


Très vite nous en apprenons plus sur le couple qui nous accueille. Au fur et à mesure des repas partagés et des activités menées ensemble, nous nous lions et découvrons la vie décalée de ces jeunes avant-gardistes.
Loi et Annie se sont rencontrés il y a bientôt dix ans, âgés de 35 et 28 ans, ils se sont mariés il y a quelques années et ont vécu à Hanoi jusqu’en septembre 2018. Date à laquelle ils ont décidé d’amener un changement radical dans leur vie ! Avant le projet Dream Up auquel nous avons participé, ils vivaient dans la vibrante ville d’Hanoï et s’attelaient à leurs projets respectifs.
Annie a fait des études d’anthropologie et est passionnée par les différentes cultures du Vietnam et d’ailleurs. Elle s’intéresse à l’adaptation des différentes populations à la zone où ils vivent – la géographie, le climat et les traditions sont ses domaines d’expertise. Elle a longtemps travaillé pour une ONG qui promouvait les entreprises sociales au Vietnam. Aujourd’hui elle se consacre uniquement au projet lié à la maison mais a gardé son statut de co-fondateur et directrice artistique de Papa’s Dreamer. Il s’agit de l’entreprise de savons écologiques (leader du marché dans le pays) qu’elle gère avec toute sa famille. Loi, de son côté, est architecte et se concentre sur l’architecture traditionnelle vietnamienne. Il a travaillé pour l’Institut national d’architecture en tant que chercheur. Il a consacré neuf ans à la préservation des héritages tels que les pagodes et les temples. Il continu encore de mener des projets à distance depuis le village où ils se sont installés.

Mais venons-en à la question que vous devez certainement vous poser : quel est donc le projet, Dream up, qu’ils ont construit ?
Vivant à Hanoï depuis toujours, ils ont un jour ressenti l’envie de quitter leur vie citadine pour respirer au grand air et se tourner vers la notion de durabilité : acquérir des compétences artisanales, être quasiment auto-suffisants en pratiquant la permaculture, vivre le pari du zéro-déchet et surtout re-créer un habitat fait principalement de ressources naturelles (bois et bambou). Pour en savoir plus sur toutes les démarches mises en œuvre concernant le développement durable, rendez-vous dans l’article « Immersion dans un mode de vie écologique et durable ».
Très stressés par la pollution, les nuisances sonores, les embouteillages quotidiens et la pression liée au travail, ils décident de tout changer. Ainsi en septembre 2018 ils quittent la ville, leur choix se tourne vers le village de Me à Ninh Binh où jadis le grand-père d’Annie possédait des terres, et les travaux de la maison débutent. Ils font appels à des artisans de l’ethnie Muong pour la fabriquer dans les règles traditionnelles.
A cet incroyable projet ils ajoutent l’espoir d’en faire un endroit communautaire où les villageois peuvent se rendre librement. Et c’est aussi dans cette idée qu’ils décident d’ouvrir la maison à des volontaires venus du monde entier. Annie et Loi nourrissent l’idée qu’ici tout le monde peut apprendre, en se confrontant à l’expérience de la vie rurale et en découvrant des habitudes écologiques, mais peut aussi beaucoup partager. Ils décident d’installer une bibliothèque et font appel aux volontaires pour mettre en pratique des cours d’anglais pour les enfants de la communauté. Ils souhaitent les éloigner des téléphones et les ouvrir, via toutes les activités mises en place, à d’autres habitudes liées au développement durable.
Loi et Annie sont très humbles, ils se définissent comme des gens de la ville qui apprennent chaque jour de la communauté qu’ils ont rejoint – et avec laquelle ils ont tissé des liens très étroits. A Me nous pouvons ressentir une forte connexion, ici l’entraide prédomine. Les voisins font partie entière de ce projet, rendent souvent visite au couple, apportent des plats, des fruits, des légumes et proposent d’offrir le thé. Les volontaires font aussi partie de la sympathique dynamique de ce village. Nous avons pu apprendre à connaître plusieurs enfants et famille, et lors de chacun de nos déplacements nous nous sentions chez nous, récoltant les sourires des locaux – plus vraiment étonnés de notre présence.

Le couple ne souhaite pas faire de ce projet une attraction touristique et veut préserver le village. C’est aussi pour cela qu’Annie et Loi ont opté pour le volontariat : pas d’aspect monétaire, seulement de l’implication et du partage. Ils souhaitent conserver la vie harmonieuse qu’ils mènent désormais, tout en amenant des petits changements autour d’eux – via les habitudes et gestes enseignés aux enfants, via le mode de vie écologique qu’ils ont choisi et qui questionne parfois celui de leurs voisins, via l’ouverture que des étrangers peuvent amener dans une petite communauté…

Arrivées donc au mois de mai nous reprenons le projet en chemin et, accompagnées de deux autres volontaires, nous nous attelons tous à différentes tâches : peinture et décoration de la maison, permaculture, création de contenus vidéo et photo, cours d’anglais… Nous partageons le quotidien de ce jeune couple et participons à toutes les tâches quotidiennes, que ce soit la cuisine ou le ménage. Bien-sûr les journées de travail sont aussi rythmées par des activités : fête au village, randonnée, visite du marché et de la réserve naturelle de Van Long, jeux avec les enfants… En deux semaines nous avons vraiment ressenti l’esprit que voulaient donner Loi et Annie à ce projet : un apprentissage de tous les jours basé sur l’entraide et le partage. Grâce à eux, grâce aux volontaires, grâce aux villageois nous avons eu la sensation d’être un peu comme chez nous et avons vécu une expérience très forte.
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